06Nov

Le “Ki”, principe d’énergie en Aïkido.

Dans tous les budo japonais, la notion de ki est présente, mais peu explicitée. Un peu comme une notion naturelle qui ne mériterait pas d’attention particulière. L’aïkido, qui porte le mot au sein même de son nom, utilise cet élément dans sa pratique.

Qu’est-ce que le Ki ?

Pour commencer, il s’agit d’un mot que les chinois utilisent depuis plus de 3 000 ans. Car dans le grand dictionnaire des caractères chinois, il existe 10 formes anciennes de ce caractère, avec 23 définitions différentes. C’est pourquoi il n’est pas aisé de donner au Ki une définition claire et restreinte.

Décomposition du kanji "ki"

Cependant, la décomposition du caractère nous révèle ses caractéristiques : la vapeur s’échappant d’une céréale qui chauffe. De même, la botte de céréale évoque la nourriture, nécessaire à la vitalité. Enfin, le fumet, fait référence au mouvement ascendant que permet la transformation, au caractère impalpable et dynamique.

Nous pouvons donc désigner le Ki comme un fluide imperceptible, qui est la source de la création, de la formation et de l’animation de l’univers, et de toute chose ou être.

Pour se rapprocher du sens oriental, la racine grecque “energeia” désignant la vitalité, la force (physique ou mentale), et la vigueur. Mais encore du “pneuma” des philosophes grecs en tant que souffle de vie. Nous pouvons donc désigner le Ki comme un fluide imperceptible, qui est la source de la création, de la formation et de l’animation de l’univers, et de toute chose ou être. Il agit sur l’univers, et « coagule » tout ce qui le compose : minéral, végétal, corps, mobile ou non, en vie ou non.

Maître Ueshiba et sa définition du "ki"

Selon Maître Ueshiba, le “ki” est : “la source de la créativité exprimée dans la forme du yin et du yang(Lao tzu), la plénitude vitale de la vie (Huaninan-tzu), le courage provenant de la rectitude morale (Mencius), la force divine qui pénètre toutes choses (Kuan-tzu).

La meilleure définition que nous puissions, finalement, donner au Ki est celle qui correspondra à notre perception personnelle de ses manifestations naturelles, et qui découlera de notre propre observation et ressenti. Ceci, dans les quatre mouvements qu’emprunte le Ki dans notre corps : montée, descente, pénétration, expulsion.

L’Aïkido et le “ki”

De même que les autres budo japonais, l’aikido fait référence au ki, au point qu’il fasse partie intégrante de son appellation. Lors de la pratique, on l’utilise souvent sous l’expression « kokyu-rokyu » (souffle-énergie).

Schéma du principe de centralisation du « Ki » (dessin de Roberta Faulhaber)
Schéma du principe de centralisation du « Ki » (dessin de Roberta Faulhaber)

Sachant que le Ki relie entre eux chaque être et chose de l’univers, deux combattants adversaires sont reliés par ce Ki. Sur ce postulat, l’aikido propose d’utiliser le Ki de l’adversaire « contre » lui. Dans le but ultime d’unir les énergies des combattants pour qu’ils deviennent partenaires. Avec pour conséquence la disparition de l’agression, et la naissance d’un travail commun. Car c’est l’essence même de leur pratique, ne pas se servir de sa force musculaire pour employer le ki, le kokyu.

Le ressenti du fondateur de la Ki no Kenkyukaï, « Société de recherches sur le Ki »

Koichi Tohei Sensei fut médusé par la maîtrise qu’avait O’Sensei dans l’utilisation du Ki.

C’est ainsi que Koichi Tohei Sensei fut médusé par la maîtrise qu’avait O’Sensei dans l’utilisation du Ki, notamment « par la manière dont il projetait ses attaquants sans utiliser de force ». Il fut le premier 10ème dan délivré par O’ Sensei, et instructeur du Hombu dojo durant 18 ans.

Ensuite, il a étudié toute sa vie l’interaction entre mental, tonicité et relaxation pour comprendre les moyens d’utiliser cette « non-force ». Dans son enseignement, il mettait en avant quatre principes, comme principes d’unité entre le corps et l’esprit :

  • 1-Calmer et concentrer l’esprit au Point Unique de l’abdomen,
  • 2- Relâcher complètement tout le stress du corps,
  • 3- Permettre au poids de chaque partie du corps de s’installer naturellement à son point le plus bas,
  • 4- laisser le Ki rayonner.

En plus des autres points, ce dernier principe aura pour effet de permettre la libérer la circulation du Ki de toute contrainte, conduisant à la parfaite coordination du corps et de l’esprit, pour autant, comprendre un des quatre implique de connaître les trois autres. La perte d’un seul entraîne la disparition de tous.

Schéma de l’extension de la puissance (dessin de Roberta Faulhaber).
Schéma de l’extension de la puissance (dessin de Roberta Faulhaber).

Dans la pratique de l’aïkido :

Finalement, dans la pratique de l’aïkido, nous sommes amenés à fixer le Ki, le maîtriser, et l’optimiser. Il prendra deux aspects : Ki-no-nagare (énergie mentale) et Kokyu (énergie physique). C’est la combinaison des deux qui apportera aux mouvements d’aïkido leur puissance. C’est le fait d’étendre le corps par le biais de cet apport énergétique qui permettra cette puissance.Ainsi, la force de l’Aïkido réside en une maîtrise permanente de l’état de concentration du « Ki » afin que l’esprit guide le corps de manière adaptée à chaque situation, sans qu’une réflexion ne soit nécessaire.

O'Sensei accompagné d'un de ses élèves. À travers le Ki, il et possible de ‘’ressentir’’ les intentions de l’ennemi

En effet, à travers le Ki, il et possible de ‘’ressentir’’ les intentions de l’ennemi. La riposte sera ainsi plus efficace, voire préalable à l’attaque elle-même. On utilise le terme ‘sen’ pour désigner cette action : sensen no sen : attaque anticipant l’action adverse ; go no sen : riposte anticipant l’action et sen no sen : attaque simultanée.

Pour rétablir l’harmonie, dans notre pratique nous utiliserons cette énergie dans le but de le contrôler, lui démontrer l’inutilité d’un combat. Plus l’énergie produite par Uke sera importante, plus l’énergie à mettre en œuvre sera facilement mobilisable. Dès que le pratiquant aura atteint le niveau de maîtrise de cette énergie universelle, aucune attaque ne sera à craindre. En conclusion, en prenant pleine conscience de cette énergie, l’aikidoka arrivera à vaincre sans se battre. Il entretiendra la paix.

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