Pourquoi un Reishiki en Aïkido ?
Pour commencer, entrer dans un Dojo, c’est pénétrer dans un monde différent. Contrairement à un espace sportif où la manifestation de l’ego est primordial, le dojo est un lieu où l’enseignement de Maître Morihei Ueshiba est dispensé. Avec pour finalité purification et élévation du corps et de l’âme des pratiquants : la réalisation de soi-même. Le Reishiki est un élément indispensable pour y parvenir.
Ensuite, sur le tatami, nous oscillons entre Uke et Tori en reproduisant des situations de combat dans un contexte de paix. Puis, comme dans tout budo, le reishiki (ou étiquette) a une importance particulière en aïkido : il est la garant d’un contexte favorable à l’étude de l’Aïkido. Il permet à chacun de pratiquer en toute sécurité et vise à garantir l’intégrité physique de nos partenaires (vous noterez qu’ici, nous supprimons la notion d’adversaire), notamment :
- éviter les blessures physiques et mentales et pratiquer en toute sécurité
- éviter les situations de domination des pratiquants
- développer la comparaison, la maîtrise de nos tendances agressives, et le respect
- garder à l’esprit que l’on adopte une situation de combat, ce qui fait la différence avec d’autres activités sportives.
Pour le débutant, les règles à respecter peuvent apparaître nombreuses. Mais il prendra rapidement en compte le fait qu’il débute une « éducation martiale » destinée à (ré)agir correctement à toute situation qu’il rencontrera. Contrairement au sport, il découvrira que pour atteindre un résultat, il devra « fonctionner autrement » par le développement de lui-même (le terme ‘do’ de aïkido).
Pour cela, il devra être patient, rigoureux, modeste (rien n’est jamais acquis ou achevé), honnête (avec les autres et lui-même), maître de lui (primordial pour pouvoir évoluer).
Etiquette sur le tatami
Notions élémentaires du Reishiki
Le reishiki n’est pas immuable. Il se peut que des variantes apparaissent entre certains dojos. Pourtant, un socle élémentaire peut s’observer dans la grande majorité d’entre eux.
Dès l’entrée du dojo
- En entrant et en quittant le dojo, s’opère un salut debout en direction du mur où se trouve le portrait d’O’Sensei (shinden)
Le respect
- Le respect des partenaires commencera par une propreté corporelle, et un Gi propre et en bon état. On porte uniquement un gi, et on n’utilise que les armes qui nous appartiennent.
Les armes
- Rangées, prêtes à servir, le long du tapis, les armes ne doivent jamais être enjambées. Tout comme le gi, elles ne peuvent servir qu’à celui à qui ils appartiennent.
Au début du cours
- En montant sur le tatami, les zoori sont rangés tournés vers l’extérieur en évitant de tourner le dos au shinden. Puis, on salue en seiza (position assise) en direction du shinden, avant de rejoindre sa place en attendant le début du cours
Tout au long du cours
- Il convient d’éviter de s’entraîner devant le shinden. Dans tous les cas, on ne doit pas s’asseoir devant lui en lui tournant le dos, même le cours terminé.
- En principe, avant le début du cours, chacun doit être échauffé, assis en seiza sur une même ligne, dans le silence. (ceci a pour but de se débarrasser des préoccupation externes au cours et préparer son attention pour l’étude)
- Le cours commence et s’achève par un salut formel. Il est indispensable de se présenter à l’heure pour y participer. En cas de retard, l’élève devra attendre debout au bord du tatami (en principe au centre, face au shinden) et patienter jusqu’à ce que le sensei l’autorise à se joindre au cours.
- Enfin, la position à adopter sur le tapis est la position seiza. Allonger les jambes, s’adosser à un mur ou un poteau n’est pas admis. A chaque instant, nous devons être disponible.
le respect vis à vis du Senseï (le professeur)
- Lorsque le sensei montre une technique, les élèves restent assis en seiza et attentifs aux explications. Dès la fin de la démonstration, vous saluez le sensei, puis votre partenaire, et commencez à travailler. Si le sensei vous apporte des corrections ou des précisions, mettez vous en seiza et restez attentif à ses explications. Saluez le lorsqu’il a terminé. Un arrêt du travail est également admis pour porter attention à une explication fournie par le sensei à un autre pratiquant. Dans ce cas, la position seiza est également de mise, ainsi que le salut lorsque l’éclaircissement a été apporté. Si vous devez poser une question au sensei, vous le saluez et attendez qu’il soit disponible ; il n’est pas convenable de l’appeler.
- Dès que le sensei annonce la fin d’une technique, vous saluez votre partenaire et rejoignez les autres pratiquants (assis en ligne).
Reishiki du pratiquant.
Ainsi, l’étiquette commence par le respect de certaines règles individuelles. Mais encore, elles permettront à l’ensemble des personnes présentes sur le tatami d’étudier dans les meilleures conditions.
Notions fondamentales du Reishiki
- Je dois avoir une attitude agréable, et veiller à éviter tout accident : Le port des bijoux est à proscrire, le port de lunettes adéquates impératif. Les plaies, verrues, doivent être pansées, et les pansements propres. Les cheveux longs seront attachés. Gi et hakama seront propres, non déchirés, et correctement fermés.
- Je me refuse la participation à la pratique si je suis sous l’effet de produits ou substances susceptibles d’altérer mes facultés et/ou réflexes (drogues, alcool, substances hallucinogènes, etc).
- Il est de mise de s’abstenir de boire, manger ou fumer dans le dojo.
Eléments implicites du Reishiki
- Pour commencer : parler le moins possible sur le tatami!
- L’étude est de mise, aucun pratiquant n’est présent pour imposer ses idées aux autres : l’aïkido est une voie de création, non de destruction. Le respect mutuel est indispensable. L’aïkido n’est pas un combat de rue, et le tatami n’est pas un lieu de règlements de comptes : participer à une séance implique un dépassement de notre agressivité.
- Puis, la pratique de l’aïkido élude complètement la compétition : une puissance incomparable puisant dans la souplesse, le contrôle de soi, la modestie, la communion avec ses partenaires remplace la force musculaire.
- Chacun doit veiller à protéger l’intégrité (physique et/ou psychique) de soi-même et de ses partenaires.
- Enfin, à la fin de la séance, il est de coutume de saluer et remercier le dernier partenaire avec lequel nous avons travaillé.
Bien que les règles d’étiquette puissent sembler nombreuses, elles se mettent en place progressivement. Puis, elles s’assimilent rapidement avec une pratique régulière.
Toutefois, souvenons-nous que le reishiki vient du cœur… mais aussi que le respecter avec authenticité donnera une profondeur, un sens à chacun de nos mouvements.
Ainsi, c’est sur cette attitude de respect, de sincérité, de modestie que repose la sécurité de chacun.
En conclusion, la pratique plus large du Reishiki, indissociable de la formation en Aïkido, s’appelle Rei-Gi-Zao. Rei-Gi-Zao se construit non seulement au Dojo, mais également en dehors, dans tous les actes de la vie quotidienne…
«Aïki n’est pas l’art de la bataille avec l’ennemi ; ce n’est pas une technique de destruction de l’adversaire, c’est la voie de l’harmonisation du monde qui fait de l’humanité une seule nation.»
O Senseï